À propos de l'interview
Cette série présente les différentes réponses à des questions sur l'arrivée, l'adaptation et la vie au Canada. Une partie est également consacrée à ce que les participants aimeraient que vous sachiez. Sauf dans les cas où elles ont été modifiées pour plus de clarté, toutes les réponses sont formulées dans les propres mots de la personne interrogée.
Pour cette interview, j'aimerais vous présenter A.Z., une étudiante de 23 ans qui termine actuellement ses études supérieures en informatique. Elle vit au Canada depuis 7 ans et a pour langue maternelle l'espagnol. Dans cette interview, A.Z. parle de son installation au Canada et donne des conseils aux autres jeunes nouveaux arrivants.
Comment était la situation à ton arrivée ?
Je suis venue au Canada 2 fois, d'abord à l'âge de 14 ans pour trois mois puis, huit mois plus tard, à l'âge de 15 ans. Les deux fois, je suis venue seule. Pendant ma première visite, je suivais simplement des cours d'anglais et je voulais voir comment était la vie ici.
A ma deuxième arrivée, à 15 ans, je me suis inscrite à l'école et j'ai commencé ma 11e année au Canada. J'étais seule à l'époque et j'habitais chez une famille d'accueil. C'était un grand changement auquel il fallait s'adapter, je ne savais pas quand j'allais revoir ma famille, je n'étais pas habituée à être séparée d'eux pendant une si longue période. Et même si j'avais déjà passé trois mois ici au Canada, cette deuxième visite me semblait plus permanente. Je déménageais concrètement, ça a été une période très difficile.
J'avais aussi parfois du mal à comprendre les gens. Je n'étais pas encore à l'aise avec l'anglais et toutes ses subtilités, et j'avais du mal à comprendre si quelqu'un était en colère contre moi. Comme les gens au lycée parlaient comme s'ils criaient, je ne savais pas s'ils me criaient dessus ou s'ils me taquinaient. C'était une période compliquée.
De quelles expériences te rappelles-tu qui t'ont fait te sentir accueillie et où as-tu trouvé une communauté (activités en ligne, école, etc.) ?
J'ai trouvé ma première communauté au lycée. J'ai rencontré des amis formidables, qui ont été patients avec moi pendant cette longue transition. Je pense que j'ai eu de la chance de rencontrer ces amis là, ils m'aidaient si je ne comprenais pas ou si j'avais des difficultés avec quelque chose de spécifique - je suis toujours ami avec eux aujourd'hui. Même pour de simples problèmes, comme, ne pas savoir comment aborder un professeur, mes amis étaient là pour moi. Ils m'ont vraiment fait me sentir la bienvenue, ce qui était surprenant pour moi qui commençais l'école au milieu d'un semestre dans un endroit où je ne connaissais personne. Je ne maîtrisais peut-être pas beaucoup l'anglais, mais les personnes que j'ai rencontrées ont rendu les choses beaucoup plus faciles.
Quel conseil donnerais-tu à un.e jeune nouvel.le arrivant.e se trouvant dans une situation similaire ?
De ne pas avoir peur de poser des questions - je me souviens avoir passé beaucoup de temps à stresser sur une question, avoir eu peur de ne pas formuler correctement ma question et à essayer de trouver la réponse toute seule. Aujourd’hui, ne plus avoir peur de poser des questions m'a énormément aidé, car on ne peut pas apprendre sans poser de questions. Il y a beaucoup de jeunes qui ressentent la même chose à leur arrivée, mais n’oubliez pas, vous n’êtes pas seul !
Lorsque vous venez ici avec votre famille ou votre partenaire, vous venez en équipe, et en équipe, vous pouvez essayer de comprendre les choses ensemble. Mais pour les personnes comme moi, qui sont venues seules, il est important d'apprendre à ne pas avoir peur de parler aux personnes qui vous entourent (à l'école ou au travail) et de poser des questions. Il y a de fortes chances qu'ils connaissent quelqu'un qui a vécu quelque chose de similaire, et qu'ils soient en mesure de vous aider ou de vous mettre en contact avec quelqu'un.
Y a-t-il autre chose que tu aimerais partager ?
Une chose que j'aimerais dire aux personnes qui viennent au Canada à l'adolescence ou au début de la vingtaine : ne vous précipitez pas. Vous n'avez pas besoin de vous installer définitivement immédiatement, le choc culturel est énorme et nous nous adaptons tous différemment. Il y a beaucoup à apprendre, mais ne laissez pas les difficultés vous empêcher de faire ce que vous voulez. Prenez cette adaptation étape par étape, et essayez d'aller vers les gens, allez dans les centres communautaires, et parlez à vos conseillers. J'ai parlé à mes conseillers d'orientation à l'école, mais je trouve que les organismes communautaires sont plus aptes à aider à la transition culturelle.
Il y a beaucoup de points de vue différents que les gens partagent. Certaines personnes m'ont dit : "Oh, tu arrives dans un nouveau pays et tu essaies d'apprendre la culture, tu ne devrais pas te lier d'amitié avec des gens qui sont du même milieu que toi". Ils pensent que vous ne vous adapterez pas aussi bien si vous ne rencontrez pas de nouvelles personnes. Mais je ne suis pas de cet avis. Avoir des amis de votre communauté peut rendre le temps plus supportable et rendre la transition plus douce. Parfois, vous avez simplement besoin de vous exprimer sans que la barrière de la langue ou les différences de coutumes ne vous en empêchent. Les personnes issues de milieux similaires peuvent vraiment vous aider à voir les similitudes et les différences, et à vous aider à naviguer pendant cette transition, car ils ont vécu la même expérience.
Vous pouvez avoir l'impression de devoir grandir très vite, mais souvenez-vous de vos objectifs. Quand j'ai emménagé ici pour la première fois, je voulais rentrer chez moi en pensant que je ne pourrais pas faire ce que je voulais ici, mais ce n'était pas vrai. J'avais besoin de croire en moi, et je pense qu'il est important pour les gens, surtout à un jeune âge, de se rappeler que vous arriverez là où vous voulez aller. Il suffit d'être patient et de garder ses objectifs en tête. Cela vous aidera.